Lettre ouverte à DessalinesSans maître, ni dieu, ni esclaveJean-Jacques Dessalines,

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Le 1er janvier 1804, vous avez proclamé l’indépendance d’Haïti, un luxe que seul un peuple libre pouvait s’offrir. Ce même luxe que seuls les politiciens corrompus se permettent aujourd’hui. Le pays que vous avez laissé en héritage est devenu un terrain de jeu pour les marionnettes de l’impérialisme et de la corruption. Deux siècles après votre sacrifice, Haïti est assiégée, gangrenée par des “konzé” de notre propre race. L’État est complice des bandits, et nous, le peuple, sommes redevenus des esclaves, non plus sous les chaînes des colons, mais sous celles de nos propres dirigeants.


Je ne vous écris pas pour vous dire que l’insécurité règne – cela, vous le savez sans doute déjà. Non, mais pour vous informer que Haïti est devenue un laboratoire à ciel ouvert pour tous les trafics possibles : organes, armes, drogue. Votre rêve de liberté est piétiné, désormais à Port-au-Prince, il est plus facile de croiser un enfant de 10 ans armés parcourant toutes les rues de la Capitale, qu’un professeur dans une salle de classe. L’État haïtien protège les criminels, les gangs sont les nouveaux seigneurs, et le peuple n’a plus que la mort pour horizon.


Dessalines Haïti est devenue invivable. Le pays des noirs libres est devenu l’enfer des noirs appauvris, le paradis des politiciens et ses acolytes. Le plan s’exécute à la loupe, ceux qui gouvernent s’assurent que nous ne trouvions plus aucun refuge ici, notre propre pays. Leur objectif est clair : rendre Haïti si insupportable que nous n’ayons d’autre choix que de fuir. Fuir vers leurs usines, leurs fermes, leurs champs de coton modernes. Oui, en plein 21e siècle, nous sommes encore le carburant du capitalisme, les nouveaux esclaves de leur système global.


Chaque jour, des milliers d’Haïtiens quittent le pays, fuyant la violence, l’instabilité, et la mort. Nos frères et sœurs traversent les jungles d’Amérique centrale, les forêts d’Amazonie, espérant d’atteindre un Eldorado qui n’existe que dans leurs rêves. Des corps continuent de pourrir dans les forêts du Nicaragua, du Guatemala, de l’Amérique du Sud entière, parce qu’Haïti n’a plus rien à offrir aux jeunes.


Nous avons échoué, Dessalines. Nous avons échoué à préserver votre Haïti. Aujourd’hui, un gang armé a plus de pouvoir qu’un Premier Ministre, et le seul emploi stable, et bien rémunéré après le gouvernement, semble être celui de bandit. Rien n’a été fait, et ceux qui prétendent nous gouverner se contentent de discours creux et de fausses promesses. Ils n’ont laissé aucun bilan, Ils maquillent leur incompétence en politique, alors que le peuple meurt chaque jour dans les rues, leur cadavre abandonné à la merci des chiens et cochons.


En ce 20 septembre, Jours de votre Naissance, jour où nous célébrons votre mémoire, nous devons avoir le courage de reconnaître notre défaite. Nous vous avons trahi. Les générations qui vous ont suivi ont failli à leur devoir de protéger ce pays, et aujourd’hui, Haïti est un enfer. Mais vous, Dessalines, restez notre Dieu. Vous avez fait ce que personne n’a jamais pu faire. Vous nous avez libérés. nous n’oublierons jamais ce que vous avez accompli.

Votre fils,
James Saint Sume


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