Lors des assises organisées par le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique à l’hôtel Karibe le 20 septembre 2024, un dialogue crucial a été initié autour du cadre légal des partis politiques en Haïti. Ces échanges, bien que centrés sur les questions juridiques, ont rapidement fait écho aux préoccupations nationales plus larges, notamment celles relatives à la sécurité publique et à la stabilité du pays. John Stimphil, journaliste politique et juriste, a pris la parole pour une intervention retentissante, appelant à une réflexion profonde sur les défis urgents auxquels le pays fait face.
L’intervention de Stimphil s’est focalisée sur le 6ème aléa de l’article 20 de l’accord du 3 avril 2024, un accord privé qui, jusqu’à présent, n’a jamais été publié officiellement dans les journaux, notamment le Moniteur. Ce manque de transparence soulève des questions fondamentales sur la nature même de cet accord et sur ce qui lie l’État à celui-ci. En effet, l’absence de publication officielle crée un climat de doute et d’incertitude, rendant difficile l’établissement d’une base légale solide pour les partis politiques du pays.
Outre ces considérations juridiques, Stimphil a également mis en lumière un problème de circulation grave dans le pays, exacerbé par des gangs lourdement armés qui paralysent non seulement la capitale mais aussi les principales routes nationales. La crise de sécurité actuelle empêche de nombreux partis provinciaux de participer à ces rencontres, limitant ainsi le dialogue politique à une minorité de représentants basés dans la capitale. Cette exclusion accentue les divisions politiques et soulève des questions sur l’équité de ces assises.
Stimphil a alors posé une question cruciale : « Peut-on véritablement parler d’un dialogue national si tous les partis, notamment ceux des provinces, ne peuvent être représentés en raison de l’insécurité croissante ? » Ce problème de circulation, selon lui, n’est pas seulement une question logistique, mais reflète un dysfonctionnement plus profond de l’État et de sa capacité à garantir la sécurité de ses citoyens. Sans mesures urgentes pour rétablir la sécurité dans tout le pays, les tentatives de dialogue politique risquent de rester stériles.
La sécurité en Haïti est désormais un enjeu de survie pour la démocratie et la stabilité du pays. Les récentes attaques perpétrées par des gangs armés dans différentes régions illustrent la gravité de la situation. Les citoyens vivent dans une peur constante, et cette insécurité empêche les partis politiques de mener à bien leurs activités, limitant ainsi leur capacité à jouer un rôle actif dans la vie politique du pays. Stimphil a donc insisté sur la nécessité d’un plan d’action rapide et efficace pour désarmer ces gangs et restaurer l’ordre public.
Il est également essentiel, selon Stimphil, que les autorités prennent des mesures immédiates pour garantir la libre circulation des biens et des personnes sur tout le territoire national. En l’absence d’un tel effort, les divisions entre la capitale et les provinces continueront de s’accentuer, compromettant tout effort de réconciliation nationale. La stabilité politique ne peut être atteinte que si les citoyens de toutes les régions du pays se sentent en sécurité et ont un accès équitable à la participation politique.
Stimphil a salué l’intervention de la docteure Juno Félix, qui a précédé la sienne, en soulignant que l’agenda des discussions devait être revu pour refléter les réalités actuelles du pays. Il a appelé à une révision complète des priorités nationales, insistant sur le fait que la sécurité publique doit être placée au cœur des discussions politiques. Sans une réponse claire et déterminée à la crise de sécurité, toute tentative de réforme politique sera vaine.
En conclusion, John Stimphil a lancé un appel vibrant aux partis politiques et aux autorités pour qu’ils prennent conscience de l’urgence de la situation. Il a souligné que les défis liés à la sécurité et à la circulation dans le pays sont interconnectés avec les enjeux politiques plus larges, et qu’il est impératif d’agir rapidement pour éviter une détérioration encore plus grave de la situation. « Nous, les partis politiques, avons beaucoup à dire », a-t-il affirmé, rappelant que la stabilité et la sécurité sont les piliers d’une démocratie fonctionnelle.
Cet appel à l’action de Stimphil résonne comme un cri d’alarme pour tous ceux qui aspirent à un avenir plus stable et sécurisé pour Haïti.
ATerson-N SAINVAL