Les groupes armés de la capitale ont bloqué les chaînes d’approvisionnement, exposant des millions d’enfants à des risques de maladies et de malnutrition.
Port-au-Prince, le 23 mai 2024 – En Haïti, six hôpitaux sur dix ne sont pratiquement plus opérationnels en raison de l’escalade récente de la violence à Port-au-Prince, qui continue de priver les enfants de matériel médical et de médicaments essentiels, a déclaré l’UNICEF aujourd’hui. Tous les hôpitaux du pays ont fait état de difficultés pour se procurer et conserver les fournitures médicales de base. Les vols de fret internationaux et nationaux en provenance et à destination de l’aéroport de Port-au-Prince ont pu reprendre récemment, mais avec une capacité limitée et un retard très important, de même que le principal port maritime qui était auparavant aux mains des groupes armés.
« Le système de santé haïtien est au bord de l’effondrement », a déclaré Bruno Maes, représentant de l’UNICEF en Haïti. « La conjugaison de la violence, des déplacements massifs, des épidémies mortelles et de la malnutrition croissante a fait plier le système de santé d’Haïti, mais c’est probablement le blocage des chaînes d’approvisionnement qui risque de le briser ».
Des conteneurs remplis de ressources vitales ont été bloqués ou pillés, tout comme de nombreux entrepôts et pharmacies. Pendant ce temps, des centaines de conteneurs chargés de fournitures humanitaires sont bloqués à Port-au-Prince, y compris des conteneurs de l’UNICEF transportant des kits de soins néonatals, maternels et médicaux.
Port-au-Prince, principal hub logistique d’Haïti, reçoit et expédie normalement les lots de matériels médicaux importés dans le pays. Aujourd’hui complètement paralysée par la violence et avec plus de 160 000 habitants déplacés, la ville n’est plus en mesure de répondre aux besoins d’une population qui lutte à la fois contre les traumatismes physiques et les risques sanitaires.
Les vagues de familles déplacées en recherche de protection, en particulier dans le sud du pays, créent une pression supplémentaire sur les services de santé locaux, qui étaient déjà à peine en mesure de faire face à la demande avant l’escalade de la crise. Le manque de personnel se généralise, environ 40 % de l’ensemble du personnel médical a quitté le pays en raison des niveaux d’insécurités extrêmes.
Entre octobre 2022 et avril 2024, Haïti a signalé un total de 82 000 cas suspectés de choléra. Environ 4,4 millions de personnes en Haïti ont un besoin urgent d’aide alimentaire, et 1,6 million de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, ce qui augmente le risque d’émaciation et de malnutrition chez les enfants. L’arrivée de la saison des pluies devrait aggraver la situation entraînant une augmentation des cas de maladies hydriques ou véhiculées par les moustiques, telles que le paludisme.
Pour faire face à la situation, l’UNICEF et ses partenaires développent des alternatives aux centres d’importation et de distribution de la capitale. Grâce à des itinéraires secondaires d’importation et de livraison, et en collaboration avec le ministère de la Santé, les donateurs et partenaires internationaux, l’UNICEF a pu continuer à livrer des vaccins, des médicaments et du matériel médical aux enfants haïtiens qui en ont le plus besoin.
Les 18, 20 et 21 mai 2024, l’UNICEF a facilité l’acheminement de 38 tonnes de ressources vitales, notamment des kits de santé et de lutte contre le choléra, ainsi que d’autres fournitures médicales essentielles à Haïti, par le biais d’un pont aérien soutenu par l’Aide Humanitaire de l’Union Européenne et opéré par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) depuis le Panama jusqu’au Cap-Haïtien, où l’UNICEF et l’ONU ont installé un nouveau centre opérationnel. Mais une aide beaucoup plus importante est nécessaire.