Haïti, Avril 2024 – Avril 2025. Un an après, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a tout entrepris,
entre multiples voyages, discours, réunions, publications sur les réseaux sociaux, révocation, embauche…
tout, sauf résoudre – même en apparence – le problème des gangs qui ne cessent d’étendre leur autorité
sanglante, jour après jour, dans de multiples zones du pays.
Mais qu’est-ce qui a changé en Haïti depuis ? Rien. Vraiment rien.
À part plus de cadavres, des milliers d’haïtiens obligés de fuir leur habitat, des centaines de maisons
incendiées avec tous les espoirs qui y vivaient, des quartiers devenus des tombeaux ouverts, et autres
maux innommables.
La Politique – cette vermine, ce poison – continue de ronger atrocement tout ce qui nous restait : notre
dignité, notre espoir, notre volonté de construire, tant bien que mal, nos petites vies, avec nos moyens
limités, chez nous, dans notre pays de soleil et de richesses insoupçonnées.
Et pourtant, étonnamment, la Politique en Haïti va bon train !
Tout semble en ordre ! L’Opposition s’est enlisée dans une omerta complice. L’État est devenu un festin
opulent. Sur la table : un gâteau aussi vaste qu’immonde, à l’image du cœur de ces hommes et femmes à
l’humanité douteuse – le Pouvoir. Une part pour chacun, servie avec toute la malhonnêteté et la mauvaise
foi possibles.
Nous, les contribuables, finançons notre propre désarroi. Des milliards de gourdes sont dépensés tous
les mois afin de nourrir une bête à neuf (9) têtes et plus, faite de creuses promesses et d’une
incompétence répugnante. Mais, tout le monde y trouve son compte, sauf le Peuple, livré en pâture à ses
propres fils, transformés en instruments d’une violence abrupte, au service d’intérêts encore
incompréhensibles. Que veulent-ils? Qui sont leurs maîtres? Que veulent leurs maitres? De l’or? Du
pétrole? Jusqu’où iront-ils? Mourrons-nous tous? Que des questions sans réponses! Que des cris de
desespoir et d’indignation!
Plusieurs sources ont révélé — notamment un rapport de l’Unité de Lutte Contre la Corruption
(ULCC), cité par Le Nouvelliste dans un article publié le 2 octobre 2024 — que chaque conseiller
présidentiel coûterait environ 4 milliards de gourdes par mois à l’État. Après une année entière d’exercice
marqué par l’inaction et l’inefficacité, il est légitime de se poser la question suivante : qu’aurait-on pu
accomplir avec ces ressources dans le cadre de la lutte contre les gangs ?
À travers un exercice de mise en relief, nous avons comparé le coût total approximatif engendré par les
neuf (9) membres du Conseil Présidentiel de Transition — salaires et avantages inclus — à l’acquisition
de matériels essentiels déjà identifiés comme nécessaires par la Police Nationale d’Haïti (PNH), les Forces
Armées d’Haïti et la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS).
Dépenses mensuelles par membre (Gourdes) HTG 4,000,000.00
Taux de change HTG130.00
Dépenses mensuelles par membre (USD) USD 30,769.23
Nombre de membres du CPT 9
Total (USD) USD 276,923.08
Nombre de mois 12
Total – 12 Mois (USD ) USD 3,323,076.92
Si ces fonds avaient été investis dans le rétablissement de la sécurité en Haïti, voici ce que le pays aurait
pu se procurer :
- 8 véhicules blindés tactiques de type MRAP MaxxPro (Mine-Resistant Ambush Protected), conçus
pour résister aux embuscades et aux explosifs improvisés ; - Ou 13 blindés Terrier LT-79, adaptés aux opérations dans des zones urbaines sensibles ;
- Ou 222 drones de surveillance SenseFly, capables de repérer et de neutraliser des cibles avec
précision ; - Ou 39 véhicules tout-terrain Toyota Land Cruiser 76, fiables pour le transport des unités en
zones difficiles ; - Ou encore 3 hélicoptères Bell UH-1H, pour renforcer la mobilité aérienne et les interventions
rapides.
Plusieurs articles font état d’un montant de dépenses bien plus considérable par membre du CPT, et de
sommes farfelues pour les conseillers des conseillers présentiels et leurs très laborieux cabinets. Ainsi,
le CPT, complètement inefficace, ne fait que poursuivre la longue tradition politique du pillage du Trésor
Public, sous le signe de l’incompétence, de la corruption, de la médiocrité et de la mauvaise foi.
Cette structure et son mode de fonctionnement n’est que la continuité d’un mal qui ronge notre pays depuis
des décennies : l’appropriation des ressources nationales — en particulier les fonds du Trésor Public,
fruits du labeur acharné de citoyens qui ne souhaitent qu’une chose : vivre paisiblement chez eux.
Enfin, chaque gourde gaspillée par l’État représente un soutien en moins aux forces de l’ordre, une école
qui ne verra jamais le jour, un hôpital laissé sans moyens.
C’est l’expression flagrante de la malhonnêteté
de nos dirigeants, dont l’inaction et l’incompétence ne font qu’alimenter les problèmes qu’ils incarnent
eux-mêmes. Nous continuons d’espérer qu’un jour, nous aurons l’opportunité de choisir des hommes
et des femmes honnêtes et intègres pour diriger notre pays, qui ne verrons pas l’Etat comme une
opportunité unique de s’enrichir, mais de servir un peuple qui souffre depuis des décennies, qui a soif de
changement, une jeunesse quasi-perdue, des enfants dont l’avenir est tristement incertain…
Ulysse Winifred
Économiste